Le contre-budget du Rassemblement National (RN) n'est pas une simple alternance politique ; c'est une déclaration de guerre budgétaire contre le statu quo de la zone euro. En promettant une combinaison toxique de dépenses publiques accrues, de baisses d'impôts non financées et d'un rejet frontal des règles fiscales européennes, le RN se positionne comme le détonateur potentiel d'une crise systémique... douloureuse, mais salutaire pour tous les amis de la liberté !
Pour l'establishment européiste, c'est une perspective terrifiante. Pour le social-démocrate convaincu des vertus de l'harmonisation supranationale, c'est un sacrilège.
Mais pour ceux d'entre nous qui observent le monde à travers le prisme du libertarisme, de la souveraineté authentique et de l'école autrichienne d'économie, une opportunité stratégique unique se dessine. Une opportunité qui résonne avec le cri de ralliement de Javier Milei en Argentine : "¡Viva la libertad, carajo!" (rappelons ici que, si vous voulez tout savoir de façon accessible, sur l'école autrichienne, vous pouvez rejoindre la Liberty Academy !)

Cette stratégie est celle de l'accélérationnisme. Elle consiste à favoriser l'arrivée au pouvoir d'une force dont le programme garantit la destruction de l'édifice européen actuel. Il ne s'agit pas d'une adhésion à la vision étatiste du RN, mais d'une reconnaissance que le chaos qui s'ensuivra est la condition sine qua non pour une refonte radicale de la France. C'est un pari audacieux : utiliser le statisme destructeur du RN pour briser le statisme encore plus vaste et insidieux de l'Union Européenne, afin de créer les conditions nécessaires à un "reengineering" libertarien complet.
L'Euro-Léviathan : pourquoi la chute est une nécessité
Avant d'envisager l'utilisation du RN comme bélier, il faut comprendre pourquoi la cible doit tomber. La France se meurt lentement, étouffée par un étatisme qui absorbe près de 58% du PIB. La nation est devenue un immense mécanisme de redistribution et de contrôle social. Ce modèle, fondamentalement insolvable, n'est maintenu en vie que par une perfusion monétaire constante, permise par l'euro, stable car garanti par l'épargnant allemand.

Du point de vue libertarien, l'UE est l'incarnation moderne du constructivisme que Friedrich Hayek dénonçait comme la "présomption fatale". C'est une tentative d'imposer un ordre planifié, harmonisé et régulé à un continent dont la richesse provenait précisément de sa diversité et de la concurrence entre juridictions. Loin d'être une simple zone de libre-échange, l'UE est devenue un cartel réglementaire massif, étouffant l'innovation et la liberté individuelle sous le poids des directives, du Green Deal à la surveillance numérique.
L'euro, quant à lui, est l'instrument clé de ce projet politique. Ce n'est pas une monnaie saine (sound money), mais une création fiat gérée par un monopole centralisé (la BCE). L'euro a engendré un aléa moral colossal. En mutualisant implicitement le risque de crédit, il a permis aux États comme la France de s'endetter à des niveaux qui auraient été impossibles avec des monnaies nationales soumises à la sanction immédiate des marchés des changes.
La politique de taux zéro et le Quantitative Easing ont agi comme un anesthésiant puissant, masquant la gravité de la situation financière et repoussant indéfiniment les réformes structurelles nécessaires. L'Euro permet l'illusion que l'on peut vivre éternellement au-dessus de ses moyens. Par conséquent, la destruction de l'Euro n'est pas une catastrophe à éviter ; c'est une clarification nécessaire à rechercher. Le système actuel ne se réformera pas de l'intérieur ; il doit s'effondrer sous le poids de ses propres contradictions.

Le RN : l'idiot utile du capitalisme de crise
Il est crucial de maintenir une clarté analytique totale : le Rassemblement National n'est pas un allié idéologique du libertarisme. C'est un parti profondément étatiste, colbertiste, protectionniste et viscéralement attaché à l'État-providence. Sa vision économique est basée sur l'intervention de l'État, la préférence nationale (une violation flagrante du principe d'égalité en droit) et la redistribution coercitive. Le RN veut simplement remplacer le statisme bruxellois par un statisme parisien.
Cependant, dans une perspective stratégique accélérationniste, cette nature même devient un atout.