Le droit constitutionnel à l’avortement: la démocratie réalisée? par Yves-Marie Adeline

Souvenons-nous : lorsque Simone Veil défendait au parlement le fameux projet de loi inspiré par le président Giscard d’Estaing et mis en œuvre par son Premier ministre Jacques Chirac, elle déclarait que « le recours à l’avortement devait rester l’exception, car ce serait toujours un drame ». En réalité, l’enjeu était d’une telle, importance démocratique que, d’emblée, ce qui était présenté comme une simple dépénalisation d’un acte jusqu’alors réprouvé depuis l’aube des temps, tel qu’il apparaissait par exemple dans le Serment d’Hippocrate, a été comprise comme l’apparition d’un nouveau droit civique fondamental, et pour tout dire refondateur. Mitterrand, arrivé au pouvoir six ans plus tard, rompit avec l’injustice qu’il y avait à réserver l’exercice ce droit aux seuls bourgeois, et ordonna que sa pratique fût remboursée par la Sécurité sociale comme un acte médical.
