"Nous voulons la paix". Combien de fois avons-nous entendu cet élément de langage, devenu le pilier doctrinal du trumpisme? Une promesse de se retirer des "guerres sans fin", de cesser d'être le gendarme du monde, et de se concentrer sur l'Amérique.

Puis, vient la réalité.
Cette réalité nous a été livrée sans fard par le nouveau Secrétaire à la Guerre, Pete Hegseth, lors de son discours désormais tristement célèbre au National War College. Ce discours n'est pas une simple allocution ; c'est un manifeste. Il révèle les aspects les plus profonds et les plus inquiétants du trumpisme : une doctrine qui utilise le langage de la paix pour justifier une mobilisation militaire permanente.

Alors, à la question que vous posez – "Faut-il s'inquiéter de ce discours?" – la réponse est non seulement un "oui" retentissant, mais c'est un "oui" qui doit nous forcer, en Europe et ailleurs, à revoir tous nos paradigmes de sécurité.
Le "Moment 1939" : une révolution de palais
Le cœur de la rhétorique de Hegseth repose sur une analogie puissante : nous serions dans un "moment 1939". En Europe, 1939 évoque l'échec de l'apaisement face à une menace extérieure existentielle. Mais l'utilisation qu'en fait Hegseth est un coup de génie rhétorique, et profondément glaçant.
