L'Accord de Gaza n'a pas permis à Donald Trump de décrocher le prix Nobel de la Paix. Et, pour le reste, combien de temps durera-t-il ?

L'annonce, le 9 octobre 2025, d'un accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, orchestré sous l'égide d'une administration Trump en quête de succès diplomatiques, a été saluée par un concert de louanges internationales. Après deux années d'un conflit d'une brutalité inouïe, qui a laissé Gaza en ruines et coûté la vie à des dizaines de milliers de personnes, cette pause dans les hostilités apparaît comme une bouffée d'oxygène. Pourtant, une analyse rigoureuse des termes de l'accord et des calculs stratégiques des belligérants révèle une réalité bien plus précaire. Loin d'être le prélude à une paix durable, cet arrangement s'apparente davantage à une transaction rendue nécessaire par un épuisement mutuel et une pression américaine intense, qu'à une véritable résolution de conflit.
Sa structure même, qui sépare habilement des objectifs humanitaires immédiats d'un horizon politique lointain et chimérique, porte en elle les germes de son propre échec. L'accord repose sur une contradiction fondamentale et irréconciliable : la perception par le Hamas d'une fin définitive de la guerre, condition de sa survie politique, et la détermination affichée par Israël de ne considérer cette trêve que comme une pause tactique avant de parachever son objectif d'éradication du mouvement islamiste.

Anatomie d'un accord à double fond
Pour comprendre la fragilité de l'édifice, il faut en disséquer l'architecture. L'accord est un montage à deux niveaux, une manœuvre diplomatique classique visant à obtenir une signature en reportant les problèmes insolubles.
Le premier niveau est la "phase 1", le cœur transactionnel de l'accord, qui répond aux besoins urgents de chaque camp. Pour Israël, l'impératif absolu est le retour des quelque 48 otages restants, dont seulement une vingtaine seraient encore en vie. La pression des familles est devenue un facteur politique intérieur ingérable pour le gouvernement Netanyahu. En échange, le Hamas obtient la libération de près de 2 000 prisonniers palestiniens, un cessez-le-feu immédiat et un retrait partiel des forces israéliennes sur une "ligne convenue". Cette transaction permet à chaque partie de présenter un gain tangible et immédiat à son opinion publique.