La Mère Poulard change de mains: quand la tradition s’adapte à la mondialisation

La Mère Poulard change de mains: quand la tradition s’adapte à la mondialisation


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La nouvelle a de quoi faire grincer des dents les nostalgiques de la tradition française : le groupe La Mère Poulard, emblème culinaire indissociable du Mont-Saint-Michel, cède sa biscuiterie à la société "Aux Trois Cigognes".Cette nouvelle, anodine en apparence, marque pourtant un tournant symbolique : celui d’une France du goût et du terroir qui se redessine sous la pression des logiques économiques mondiales.

La Mère Poulard a émerveillé les fins gourmets avec ses délicieux biscuits pur beurre depuis des lustres. Dans un communiqué publié le mercredi 8 octobre 2025, le groupe industriel et hôtelier ayant créé la marque a annoncé que la biscuiterie appartient désormais à la société « Aux Trois Cigognes ». Née dans l’ombre du Mont-Saint-Michel, la Mère Poulard incarne depuis des générations le charme simple d’une France artisanale et locale. Mais en se recentrant sur l’hôtellerie et le tourisme, l’entreprise acte une mutation : la tradition culinaire devient produit d’appel touristique, tandis que la production alimentaire passe sous pavillon industriel.

Un choix stratégique ou un renoncement culturel ?

La biscuiterie La Mère Poulard a fait le bonheur des petits et grands depuis 1998. La marque est bien connue des fins gourmets pour « ses délicieux biscuits porte-bonheur, pur beurre et aux œufs plein air », ses cookies et ses galettes, de vrais régals.

Le mercredi 15 octobre 2025, le groupe Mère Poulard a annoncé dans un communiqué de presse sa décision de se séparer de sa biscuiterie. Désormais, c’est une propriété de la société « Aux Trois Cigognes ».

L’enseigne a expliqué les raisons de cette cession.  

« Nous sommes fiers de l’héritage de notre biscuiterie, qui a su perpétuer la tradition culinaire et l’exigence qualitative des recettes de La Mère Poulard »

a déclaré son vice-président, Léo Vanier. Toutefois, le groupe veut désormais se « recentrer » sur « ses atouts historiques ». Il s’agit de l’hôtellerie et de la restauration.

Notons que le groupe La Mère Poulard comprend 25 établissements, dont 6 hôtels et 8 restaurants et des magasins au Mont-Saint-Michel.  Selon son vice-président, Léo Vanier, l’entreprise souhaite  « offrir des expériences touristiques inoubliables » aux visiteurs de cette commune

Les recettes et le nom des biscuits conservés

La Mère Poulard, jadis artisanale, va t-elle désormais s’aligner sur un modèle industriel dicté par les standards internationaux, et non par le goût ou la tradition. Les consommateurs craignent une intégration dans une logique de marché mondial : celle du biscuit « premium » destiné à la grande distribution, une stratégie de volume.

Luc-Pierre Verquin, patron d’« Aux Trois Cigognes », promet de préserver le nom et le savoir-faire.Il a déclaré que « la biscuiterie ne va bien sûr pas changer de nom ».

Luc-Pierre Verquin a ajouté que « l’entreprise va bien » et que les salariés vont conserver leurs emplois. La société « Aux Trois Cigones » prévoit aussi des projets de développement. Selon l’hebdomadaire local, « des travaux d’agrandissements ont d’ores et déjà commencé sur le site de la biscuiterie ».

Cette cession illustre la tension constante entre préservation du patrimoine et nécessité économique.La France d’aujourd’hui, accablée par la fiscalité, les normes et la pression concurrentielle, ne protège plus ses symboles : elle les revend . Sous couvert de « recentrage » ou d’« adaptation », c’est souvent la logique de survie dans un marché mondialisé qui s’impose.


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