La jeune équipe « inexpérimentée » de Musk prend les rênes de la DOGE

La jeune équipe « inexpérimentée » de Musk prend les rênes de la DOGE

À la suite de l’élection de Donald Trump, Elon Musk est désormais à la tête  du célèbre programme d’« efficacité gouvernementale », baptisé DOGE. Profitant de ce rôle, le milliardaire a étendu son influence en accédant aux systèmes informatiques de diverses agences, notamment ceux liés aux ressources humaines des employés fédéraux américains. Elon Musk est épaulé par des jeunes profils issus de milieux technologiques comme Gavin Kliger, Luke Farritor et Edward Coristine. Pour le média Wired, l’équipe de Musk, de très « jeunes ingénieurs avec peu d’expérience » chargée de reprendre en main les agences fédérales américaines, soulève des questions éthiques et pratiques : à quel point le gouvernement doit-il s’appuyer sur des talents extérieurs, souvent non soumis aux mêmes normes que les fonctionnaires traditionnels ? Cette stratégie, bien qu’innovante, pourrait à terme affaiblir les mécanismes de contrôle et de transparence propres à une démocratie.

Avec l’aide de jeunes talents technologiques , tous âgés de 19 à 24 ans, Elon Musk a rapidement détourné la commission DOGE, à laquelle Donald Trump l’avait nommé pour superviser « l’efficacité gouvernementale », en un levier stratégique lui permettant de prendre le contrôle des agences fédérales américaines, de leurs systèmes informatiques et des informations qu’elles diffusent. Des sites clés comme USAID.gov, ForeignAssistance.gov, NeglectedDiseases.gov et ChildrenInAdversity.gov ont été temporairement mis hors ligne grâce à leurs compétences techniques.Pour mémoire, dans son discours d’adieu, Joe Biden a exprimé ses inquiétudes quant à la montée en puissance d’une « oligarchie » technologique qui pourrait menacer la démocratie et la souveraineté des États-Unis. Biden a mis en garde contre l’influence croissante des géants de la tech, soulignant les risques que leur pouvoir concentré fait peser sur l’équilibre politique et économique du pays.

Des parcours atypiques au service du gouvernement

Gavin Kliger, diplômé en génie électrique et informatique de l’Université de Californie à Berkeley avec une moyenne exceptionnelle de 3,95, est un exemple frappant de cette nouvelle génération de talents technologiques qui s’engagent dans des projets à fort impact politique.

Ancien ingénieur logiciel pour des entreprises renommées telles que Twitter et la startup californienne Databrinks, Kliger utilise également sa plateforme Substack pour des essais polémiques, comme « The Curious Case of Matt Gaetz », où il critique le prétendu rôle du « Deep State » dans la destitution d’opposants politiques.

Son alignement politique est explicite : photographié avec un chapeau « Make America Great Again », il a soutenu t des figures comme Pete Hegseth, qu’il décrit comme un « guerrier redouté par Washington ».

Pour les observateurs,  Kliger semble ainsi utiliser son expertise technologique pour soutenir des figures politiques marginales, tout en critiquant les structures de pouvoir établies. Mais son engagement au sein du DOGE soulève une question : servira-t-il une cause publique ou une idéologie spécifique ?

Luke Farritor : de SpaceX aux systèmes de santé gouvernementaux

Luke Farritor, ancien stagiaire chez SpaceX, a fait ses preuves en tant qu’ingénieur logiciel en travaillant sur des systèmes critiques pour les fusées. Son parcours l’a ensuite conduit à collaborer avec des institutions gouvernementales, notamment l’USAID et le Département de la santé et des services sociaux.

Selon le New York Times, Farritor a eu accès à des systèmes sensibles, tels que ceux gérant les contrats de Medicare et Medicaid, qui représentent des milliards de dollars de dépenses publiques. Son expertise technique est indéniable, mais son implication dans ces structures gouvernementales complexes interroge : contribuera-t-il à améliorer l’efficacité de ces systèmes, ou participe-t-il à une forme de contrôle technocratique ?

Edward Coristine représente un autre exemple de cette mobilisation précoce. Malgré son jeune âge, il a déjà travaillé trois mois chez Neuralink, l’une des entreprises phares d’Elon Musk.

Selon Wired, il est répertorié comme « expert » dans les registres internes de l’Office of Personnel Management (OPM), une agence fédérale chargée de la gestion des ressources humaines du gouvernement. Selon l’agence de presse Reuters, le DOGE aurait déjà pris la main sur l’outil OPM.

Coristine n’est pas qu’un simple étudiant. Il a fondé plusieurs entreprises technologiques et contribué au développement de logiciels pour Neuralink. Ce profil d’autodidacte ambitieux, associé à des responsabilités importantes au sein d’agences fédérales, illustre une transformation des modes de recrutement dans le secteur public. Pourtant, son rôle dans des institutions comme l’OPM reste flou, alimentant des suspicions sur les motivations de ces nominations.

Les parcours de Gavin Kliger, Luke Farritor et Edward Coristine sont exemplaires. Leur expertise est indéniablement précieuse pour moderniser des systèmes souvent obsolètes. Cependant, leur engagement soulève des questions sur les motivations et les conséquences de leur travail.

Nick Bednar, professeur à la faculté de droit de l’Université du Minnesota, a déclaré;

« Il est très peu probable qu’ils aient l’expertise nécessaire pour comprendre la loi ou les besoins administratifs qui entourent ces agences ».

Aideront-ils à renforcer la transparence et l’efficacité des institutions, ou contribueront-ils à un contrôle plus subtil et technocratique des structures de pouvoir ? Dans un monde où la technologie est de plus en plus utilisée pour influencer les décisions politiques .Leur travail peut être une force de progrès, mais il doit être encadré par des garde-fous démocratiques pour éviter les dérives.