Hommage à Edouard Husson, qui quitte la rédaction du Courrier

Depuis plusieurs jours, Edouard Husson a inopinément quitté la rédaction du Courrier. Je lui rends hommage en expliquant notre nouveau projet... et notre baisse de tarif !

Parfois (et je m'en veux de ne pas l'avoir vu suffisamment tôt...), on surestime la solidité physique et psychique des gens qu'on connaît et qu'on côtoie quotidiennement. Après deux et mois demi passés à la tête du Courrier, Edouard Husson a manifestement souhaité le quitter (mais l'explication de cette situation n'est pas complètement claire, ni explicite). Je comprends son geste. J'ai tenu le Courrier pendant quatre ans, et je suis bien placé pour connaître l'exigence physique et intellectuelle de cette tâche, la fatigue qu'elle procure à celui qui l'assume.
Diriger le Courrier, c'est un métier de patron, c'est-à-dire de paria des temps modernes. Sur son passage, il écrase tout : les vacances, la vie de famille, les loisirs, les nuits sereines. Souvent, le temps que ce métier exige n'a rien d'exaltant : il faut recruter, gérer, s'occuper d'informatique, de comptabilité, de marketing, de management. Nous y sommes loin des hauteurs suprêmes de la pensée. Je peux comprendre que cette exigence soit trop lourde et trop rébarbative, surtout quand, par ailleurs, on assume une chaire à l'université.
C'est le cas d'Edouard depuis le mois de septembre 2024. Après son licenciement de l'ISSEP, où Pierre-Edouard Stérin finançait son poste selon les affirmations d'Edouard lui-même, il a repris sa vie d'universitaire "normal". Même si les temps pleins des universitaires français font la part belle à la recherche plus qu'à l'enseignement, il faut quand même "être là". Concilier cette présence avec la direction d'un journal en ligne exige une gymnastique quotidienne qui mord forcément sur les heures de méditation, de vie sociale, familiale, et de sommeil. Voilà un exercice de souplesse qui peut user rapidement.
Malgré la décision très rapide d'Edouard de quitter le Courrier, je lui conserve toute mon amitié.
Je le connais depuis près de 40 ans maintenant, et j'ai toujours apprécié sa très grande constance dans les convictions. Bien évidemment, cette amitié n'a pas été marquée d'une continuité parfaite. Mais je l'avais retrouvé lorsqu'il était au cabinet de Valérie Pécresse et j'avais pu noter la loyauté de son engagement. C'est ainsi que, lors de la primaire des Républicains, dans nos colonnes, il n'a pas hésité à soutenir Michel Barnier, qu'il connaît par ailleurs, et dont il a toujours admiré la personnalité. Bel exemple de constance idéologique et partisane par-delà les évolutions anecdotiques.
Déçu, m'a-t-il dit, de ne pas être nommé à la Direction de l'Ecole Normale Supérieure dont il est ancien élève, par Valérie Pécresse, il a tenté sa chance à la direction générale de l'ESCP, qu'il a voulu moderniser. J'ai suivi ses tribulations, à l'époque. Je retrouvais l'Edouard que j'avais connu au lycée Henri IV en 1986. Il m'avait, cette année-là présenté Valéry Giscard d'Estaing. Edouard était alors, je crois, président des Jeunes Giscardiens européens, ou quelque chose comme ça.
Déjà, à l'époque, Edouard croyait à la modernisation de la France par l'enseignement supérieur. C'était un militant probablement en avance sur son temps, si j'en juge la rapidité avec laquelle il a démissionné de sa direction générale. Il était trop novateur pour ses actionnaires de référence, en l'espèce la CCIP. J'avais alors été froissé par les propos qui étaient rapportés le concernant, et qui ne décrivaient pas le Husson que je connais :
« Malgré son caractère autoritaire et arrogant, il a réussi à se faire applaudir la semaine dernière par le corps professoral, s’étonne un bon connaisseur de l’école. Le sentiment qui domine, c’est que la chambre a raté la mise à pied du directeur général et mal géré la procédure ».
Je peux témoigner du fait qu'Edouard n'est ni autoritaire ni arrogant.
C'est dans cette même constance de conviction qu'il a ensuite rejoint Marion Maréchal à l'ISSEP, où il enseignait. Edouard a cru, et peut-être croit-il encore, à l'union des droites. Il croyait aussi à la réussite de cette union par la construction d'une culture commune que l'ISSEP avait l'intention de construire et de diffuser.
En février 2021, lorsqu'il a dû démissionner de la présidence de la Fondation Robert de Sorbon, je n'ai évidemment pas hésité à lui proposer un recrutement à la rédaction du Courrier, en qualité de directeur de publication. J'étais à l'époque choqué par les accusations que Le Monde a propagées, dans un article que je considère comme de commande, sur son autoritarisme excessif et sur une opacité financière qui me semble irréaliste. L'amitié avant tout !
J'ai vu Edouard Husson conduire une liste aux européennes. Là encore, je peux témoigner de son rapport sain et désintéressé à l'argent. Trop sans doute, puisqu'il n'a pas répondu à la convocation de la Commission des Comptes de Campagne, ce qui lui a valu un rejet de ses comptes et l'annonce d'une saisine du Parquet. Pour 700€, ce genre de négligence est le fait d'un intellectuel bien incapable de détourner des fonds publics pour aider les proches de Marion Maréchal comme cela lui a été reproché.
Je lui souhaite une pleine réussite dans ses nouveaux projets.
Le Courrier évolue en profondeur
Me voilà donc prêt à lancer une nouvelle entreprise qui s'appelle Asfelia, et dont l'ambition est d'aider concrètement les salariés à mieux vivre, et leurs employeurs à mieux négocier les conditions de travail. Dans le même temps, je suis contraint, mais contre mauvaise fortune, bon coeur ! de me remettre au turbin sur le Courrier.
A quelque chose malheur est bon, disait ma grand-mère. L'occasion est là de faire évoluer le Courrier.
Vous savez que, cet été, j'ai lancé un espace d'expression personnelle sur Substack, le Verhaeghe Briefing, qui regroupe une lettre confidentielle sur les arcanes de la caste et, à partir du 14 septembre, la Liberty Academy, qui formera aux idées libertariennes (n'hésitez pas à adhérer rapidement pour 99€, car les tarifs vont bientôt augmenter !).
Les péripéties du Courrier peuvent au fond se prêter à un resserrement de nos colonnes, au moment où le chaos s'installe en France, pour mieux regarder l'actualité sous un oeil libertarien. Ceux qui veulent s'instruire plus avant pourront rejoindre l'Academy. Les autres retrouveront chaque jour 4 articles percutants sur l'actualité, et deux articles plus approfondis sur notre vision du "monde", notre Zeitgeist, comme disent les intellectuels, en temps qui seront de plus en plus troublés.
Bien entendu, la chaîne Youtube, qui compte 100.000 abonnés, continuera, avec une vidéo hebdomadaire d'une trentaine de minutes sur l'actualité et quelques autres contenus à la confection desquelles nous allons accorder une attention particulière.
Enfin, ceux qui veulent se simplifier la vie pourront toujours suivre notre fil Telegram gratuit (t.me/resterlibre) pour y retrouver les liens vers nos publications, et quelques contenus exclusifs. Il suffit de 15 secondes pour télécharger cette messagerie révolutionnaire et cryptée.
Je ne voulais pas oublier l'essentiel pour certains : nous avons décider de baisser dès maintenant notre tarif annuel à 79€ ! Profitez-en, si vous n'êtes pas encore abonné...
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