Grange : « Macron, lundi soir, en plein exercice d’hypnose collective… »

Grange : « Macron, lundi soir, en plein exercice d’hypnose collective… »


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Daniel Grange revient pour nous sur l’exercice d’hypnose collective à laquelle s’est livré le Président de la République lundi soir à la télévision. L’opération bien menée a permis de diminuer la responsabilité personnelle de l’exécutif dans les échecs de la gestion publique de la crise.

Le discours de notre chef de guerre politique, lequel a consulté intensément ces derniers jours, a été préparé sur quelques axes majeurs, ayant pour but principal de faire oublier les carences d’un Etat défaillant et essayer de donner de la « visibilité », ce qui était pour le moins attendu pour une crise sanitaire subie depuis plus de 2 mois. Anticipant l’intervention, préparée à l’envie par la média-sphère bien-pensante, la machine à conditionner s’est mise en route.

Macron dans un exercice d’équilibriste

Considéré inculte voire « pékin moyen » (dixit Pierre Pierson de LREM qui ne faisait là aucune allusion à l’origine asiatique du virus) par cet aréopage hétéroclite mais solidaire de la pensée unique, le bon peuple de France n’avait pas encore bien compris qu’à défaut de masques, de tests et de traitements validés par les ayatollahs cathodisés de la randomisation, il fallait se préparer à avaler la couleuvre d’un confinement long, devenu hélas seule solution indispensable au vu des circonstances. Dans le même temps (le terme est consacré), il a fallu faire taire l’expression « populaire » sur le protocole Raoult, devenu l’initiateur de moult accidents cardiaques et effets secondaires.

Quid de tous ces médecins, scientifiques, personnalités, anonymes signataires de pétitions interprétées comme actes d’opposition politique…alors qu’il s’agissait uniquement de gagner du temps sur la maladie ! Quelle belle unité nationale, pas un mot, une analyse de la part de la majorité, le Silence des Agneaux…

Dans cet exercice d’équilibre digne de Nadia Comaneci sur sa poutre, quelques pions de l’échiquier, journalistes, médecins ou politiques (ayant prêté, eux, le serment d’Hypocrite et non celui du professeur et de son staff…), sont venus en précurseurs asséner quelques perles sémantiques, dont je vous livre quelques extraits à déguster sans modération.

Les contradictions de la bien-pensance

Le 11 Avril, le journaliste Stéphane Foucart explique ainsi de manière « argumentée » que le professeur Raoult n’a pas de méthode (message répété en boucle depuis des semaines), citant les nombreux accidents cardiaques et au final laissant entendre des liens d’intérêts avec SANOFI.

Ce même journaliste titrait le 27 octobre 2018 « En matière de santé publique, le rigorisme scientifique est une posture dangereuse ». Oui, vous avez bien lu ! Comme quoi on peut dire tout et son contraire, et même vice et versa !

Quant à notre passionaria infectiologue K. Lacombe, le 13 Avril la voici interviewée en blouse blanche (une première, car jusqu’à présent, entre les plateaux TV, les déclarations sur le site de Transparence Santé pour les labos et les conseils au Premier Ministre elle semblait débordée !) par RMC-BFM et annonce que 40 à 50% des malades décèdent en réanimation, mais « Ils suivent les traitements par l’intermédiaire des protocoles et beaucoup, heureusement, guérissent au bout de quelques jours d’hospitalisation, je dirais une dizaine de jours ». Ah bon ! Si elle l’a dit alors ! Et que font Raoult et son équipe à Marseille, ils cultivent des graines d’anis pour faire le pastis ? Où bien étudient-ils la photogénèse de la bouillabaisse en fin de journée sur leurs paillasses ? Sans doute un effet placébo du raisonnement à vide…

Côté politique, le député Gilles Le Gendre (ayant déclaré sur Public Sénat en Décembre 2018  « le fait d’avoir probablement été trop intelligents, trop subtils, trop techniques dans les mesures de pouvoir d’achat ») explique cette fois-ci doctement le 13 Avril sur RTL  « Le gouvernement fait un travail fantastique sur le plan sanitaire et économique. L’idée que nous ayons pu nous préparer à cette crise 5 ans, 10 ans, 15 ans à l’avance est probablement un leurre ».

Prévoir cette crise, était-ce un leurre ?

Trêve de mauvais esprit.  Autant il n’y a aucun doute que le pouvoir exécutif au pied du mur fait son maximum malgré quelques cafouillages d’anthologie (le premier tour des municipales et le sketch de natures diverses et variées des masques sont quand même des monuments du genre !), autant il est inadmissible d’entendre que « prévoir cette crise était un leurre » !

Non, monsieur Le Gendre, non messieurs et mesdames les élus, en tant que représentants de la Nation, ce devoir d’anticipation est l’essence même de vos fonctions, celles trahies petit à petit par les atermoiements, le manque de connexion à la vraie vie, et d’une manière générale à un manque de culture historique évident ! Comment peut-on en effet affirmer une contrevérité pareille alors qu’audits, rapports de médecins et scientifiques (ceux-là même derrière lesquels vous vous retranchez maintenant !) vous ont alerté de nombreuses années auparavant et que leurs préconisations ont été soient ignorées, ou démantelées lorsqu’elles avaient été mises en place, sous couvert de réformes irréfléchies ! Comment peut-on gouverner en ayant une mémoire aussi courte (sans doute due à l’avènement de ce fameux nouveau monde !) alors que les épidémies parties de Chine en 1957-58 et 1968 ont fait plusieurs millions de morts sur la planète comme l’explique fort justement BHL dans un excellent article du Point.

Bref, lundi soir, tout comme 36,7 millions de téléspectateurs, c’est à dire plus que le nombre de votants de la dernière élection présidentielle, j’ai donc écouté avec attention le discours du président, qui a évité soigneusement la métaphore guerrière inadaptée, reprise en cœur ces dernières semaines par nos médias (guerre, tranchée, front, première ligne, vague, tsunami, combat, …).

Un exercice d’hypnose collective ?

Passée l’annonce de la date tant attendue du déconfinement, l’exercice a consisté, tel Kâa dans le Livre de la Jungle, à hypnotiser l’assistance qui avait déjà compris, au vu des courbes des pays voisins, qu’il ne s’agissait en fait que de gagner un temps précieux pour combler le retard de l’impréparation. D’ici un mois (il s’y est engagé !) l’État sera prêt au niveau tests, masques, respirateurs mais aussi des petits algorithmes qui nous pisteront tels des Pacman.

Alors qu’après sa visite à Marseille, un infléchissement raisonnable était attendu en remettant les médecins de ville dans la détection et le soin immédiat sous contrôle médical strict, rien ne se produisit. Même si les italiens commencent  à sortir la tête de l’eau par une politique sanitaire autorisant leurs médecins de Ville à prescrire la potion hors AMM, point de prise de risques, de rupture à moindres frais, peut-être faut-il attendre la décision d’une des tours chargée de protéger le roi. Mais c’est vrai, j’oubliais le cri d’arrogance de notre gallinacé national, le même cri que celui poussé contre ces chinois qui ne savent pas chercher…

Retour sur l’hydroxychloroquine

Remarquons toutefois au passage qu’un nouvel essai randomisé débute à Montpellier avec le protocole marseillais pour un résultat promis sur une communauté de Perpignan dans…5 à 6 semaines. De là à imaginer qu’ « ON » a compris que les deux bras de Discovery sur l’hydroxychloroquine n’étaient pas destinés à trouver, mais seulement à chercher…(les résultats mitigés sur les molécules seules sont déjà publiés sur la planète entière). Il faut désormais parier que le professeur Raoult et son équipe auront tort, car à la fin des comptes, ce temps perdu entrainera stupeur et colère, et certainement pas la résignation.

Après une émouvante reconnaissance des petites mains qui font tourner la France grâce à leur courage et leur altruisme (sincèrement, merci mille fois), l’apothéose de la soirée fut l’évocation de la dette de l’Afrique et de notre aide. Non pas que cette annulation ne soit indispensable à terme (si tenté d’avoir un avis sur l’économie planétaire) mais l’étonnement réside sur notre capacité à aider des pays lointains alors que le manque de masques, de blouses, de respirateurs, de tests est devenu un enjeu national et que nous n’avons pas su aider l’Italie, notre plus proche voisin européen…. Pendant ce temps là, les sages africains, eux, font des stocks d’hydroxychloroquine et d’azithromycine à moindres coûts depuis plusieurs semaines sans se poser de questions superflues, pour soigner en masse leurs populations déjà habituées aux anti-paludéens….. et éviter ainsi une catastrophe. Cherchez l’erreur et le placébo !

Le Président et la parole vaine

Malgré une coupe capillaire napoléonienne irréprochable, hélas, cent fois hélas, le naturel de notre chef de guerre, celui-là même qui promettait un nouveau monde, est malheureusement parti au galop sans qu’on ne puisse jamais le voir revenir, chassé sans nul doute par l’intonation et la gestuelle dictées par le prompteur.

Régis Debray, parlant de « la dilution de la puissance publique et le délayage des allocutions officielles » et Michel Onfray faisant remarquer « Quel chef peut ainsi, dans un état qu’il a décrété de guerre, se montrer si peu chef et exposer autant son peuple de façon régulière et continue? » résument remarquablement et bien mieux que moi la situation dans leurs propos.

Au chef de guerre médecin, souhaitons lui de garder les positions en évitant les manœuvres de contournement des adversaires patentés, car n’étant plus vraisemblablement dans l’urgence, tous les coups bas seront encore (plus) permis. Afin de démontrer l’irrationalité de ses accusateurs et parler d’éthique, rappelons nous que le médecin Paul Ehrlich (prix Nobel de médecine et inventeur de la chimiothérapie) avait failli être lynché car il avait testé le vaccin de la diphtérie sur un groupe d’enfants qui avaient guéri alors que de nombreux enfants du groupe placébo étaient morts (interview du professeur Didier Sicard, ancien président du Comité d’Ethique).

Si la période n’était pas aussi dramatique, je suivrais les excellents conseils de mon ami d’enfance médecin qui m’a prescrit un traitement à base de Raymonquine Devosinir, sans groupe contrôle, l’effet est immédiat et beaucoup plus « léger ».


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