Sanctionné pour abus de position dominante, Doctolib voit enfin sa toute-puissance mise à nu. Derrière la success story encensée par Macron pendant la crise sanitaire, se cachait une machine à enfermer les praticiens, les patients et la concurrence.

L'Autorité de la concurrence vient d'infliger une amende salée à Doctolib, le géant de la prise de rendez-vous médical. Cette sanction pour abus de position dominante révèle des pratiques d'exclusivité et d'acquisitions prédatrices choquantes. Plus qu'une simple affaire de concurrence, c'est la confirmation d'une plateforme qui a prospéré sans limites après avoir été l'outil de la manipulation orchestrée par Emmanuel Macron lors des vagues épidémiques du Covid.
De la gestion de crise à la chasse gardée : l'ascension d'un monopole
L'annonce, ce jeudi, d'une lourde amende de 4,6 millions d'euros infligée à Doctolib par l'Autorité de la concurrence ne tombe pas du ciel. Elle dessine les contours d'une entreprise ayant systématiquement éliminé ses rivaux pour s'imposer comme un passage obligé de la santé en France.
Doctolib imposait à ses clients — médecins et établissements de santé — des contrats d’exclusivité interdisant l’usage de toute autre plateforme concurrente. Des juristes internes avaient pourtant alerté la direction sur le caractère illégal de ces clauses. Mais le mot d’ordre restait clair : « verrouiller le médecin et le patient ».
Le résultat est sans appel : une position de monopole, avec des parts de marché atteignant jusqu'à 90 %, permettant à la plateforme d'augmenter ses tarifs en toute impunité, loin des regards d'une concurrence qu'elle a elle-même étouffée.

Le coup de pouce de l'Élysée : la crise sanitaire, opportunité pour assoir une hégémonie
Ce verrouillage du marché n'aurait peut-être pas eu le même impact sans le soutien involontaire – ou complice – du gouvernement.
En juillet 2021, le président Emmanuel Macron a placé Doctolib au cœur de la stratégie vaccinale nationale. Son adresse télévisée, annonçant l'extension du pass sanitaire et rendant les tests payants pour pousser à la vaccination, a provoqué un tsunami de demandes. Le résultat fut immédiat : près de 1,3 million de rendez-vous de vaccination enregistrés en quelques heures, faisant ployer les serveurs de la plateforme .
En désignant Doctolib comme l'unique interface entre les Français et la solution à la crise, l'exécutif a offert à l'entreprise un cadeau sans précédent : des millions d'utilisateurs nouveaux, contraints et captifs, venant consolider son hégémonie. L'État, dans sa gestion jupitérienne de la pandémie, n'a pas seulement imposé des restrictions aux libertés individuelles ; il a aussi, de fait, subventionné et entériné la position dominante d'un acteur privé.
L’affaire Doctolib marque une première : c’est la première sanction d’une acquisition prédatrice en France, rendue possible par l’arrêt Towercast de 2023. Une claque pour l’entreprise chérie du "macronisme sanitaire", qui avait fait de la peur du virus un formidable levier de croissance.
Doctolib devra désormais publier cette condamnation dans Le Quotidien du Médecin, un aveu public que le miracle technologique du Covid n’était qu’un empire d’abus.
