Diplomatie: la Russie renforce son emprise sur l’Alliance des Etats du Sahel

Les ministres des Affaires étrangères du Mali, du Niger et du Burkina Faso, regroupés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES), entament les 3 et avril 2025 une visite diplomatique à Moscou. Cette rencontre historique, initiée par le ministre russe Sergueï Lavrov, vise à consolider les liens politiques, sécuritaires et économiques entre la Russie et ces trois pays en quête de légitimité internationale. Alors que les régimes militaires au pouvoir dans ces États cherchent à affirmer leur souveraineté face aux pressions occidentales, cette visite symbolise une étape clé dans leur stratégie de diversification des alliances. L’ex-ministre togolais de l’Intérieur, François Akila-Esso Boko, quant à lui, met en garde , il rappelle que « les régimes autoritaires n’ont pas mené au développement ».

Alors que les chefs de la diplomatie de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) rejoignent Moscou, l’ex-ministre togolais de l’Intérieur, François Akila-Esso Boko a tenu à rappeler que les régimes autoritaires n’ont jamais conduit au développement. Il a indiqué que le « soldat modernisateur » n’est qu’un mythe. Par ailleurs, les dictateurs qui ont réussi à obtenir le pouvoir n’ont jamais fait leurs preuves.
Priorité sécuritaire et coopération militaire
La lutte contre le terrorisme et la stabilisation du Sahel restent au cœur des préoccupations de l’AES. Les trois délégations, composées de responsables de la défense et de la sécurité, comptent renforcer leur collaboration avec Moscou, déjà matérialisée par des accords militaires et la présence supposée de mercenaires du groupe Wagner. La Russie, perçue comme un partenaire fiable face à la « désertion » des anciens alliés occidentaux, pourrait accroître son assistance logistique et tactique.
Les discussions aborderont la création d’une alliance de défense commune entre les trois pays, un projet ambitieux visant à mutualiser leurs ressources face aux groupes jihadistes. Cette initiative, soutenue par Moscou, s’inscrit dans une logique de résistance aux ingérences extérieures et de consolidation de régimes issus de coups d’État.
Vers une diplomatie souverainiste
Au-delà de la sécurité, l’AES souhaite dynamiser son développement économique grâce à des partenariats russes dans les secteurs miniers et énergétiques. Un projet phare sera évoqué : la Banque régionale d’investissements de l’AES, dont les débuts laborieux nécessitent un soutien financier et technique. La Russie, riche en ressources et en expertise, pourrait jouer un rôle clé dans la relance de cette institution.
Si Moscou apparaît comme un bailleur de fonds potentiel, des questions subsistent sur les contreparties exigées, notamment en matière d’accès aux ressources naturelles. Les pays de l’AES devront négocier avec prudence pour éviter un nouvel assujettissement économique.
L’AES entend incarner une « diplomatie des résultats », rompant avec les conditionnalités démocratiques imposées par l’Europe. Les déclarations fracassantes de ses dirigeants, comme celle du capitaine Ibrahim Traoré du Burkina Faso remettant en cause la démocratie comme modèle de développement, illustrent cette posture anti-occidentale.
Les pays de l’AES et la Russie envisagent de parler d’une « même voix » sur la scène internationale, notamment à l’ONU.
Mise en garde contre les régimes autoritaires
L’ancien ministre togolais François Akila-Esso Boko a récemment dénoncé « l’échec des dictatures de développement », rappelant que les régimes militaires n’ont historiquement pas tenu leurs promesses de progrès. Ces critiques résonnent alors que les juntes de l’AES justifient leur pouvoir par l’urgence sécuritaire.
Cette déclaration de François Akila-Esso Boko est sans doute une réponse au discours anti-démocratique du président de la transition burkinabé, le capitaine Ibrahim Traoré, le mardi 1er avril dernier. « Cite un seul pays qui s’est développé dans la démocratie », a déclaré le chef du pouvoir militaire a à la télévision nationale. Ibrahim Traoré ajouté que « ce n’est pas possible ». Il estime que « la démocratie n’est que l’aboutissement ».

La communauté internationale, notamment l’Union africaine et la CEDEAO, observe avec méfiance ce rapprochement avec la Russie, accusée d’exploiter les instabilités régionales pour étendre son influence. Les risques d’une militarisation du Sahel et d’un contournement des processus démocratiques alimentent les inquiétudes.
Pour les régimes de l’AES, il s’agit d’affirmer leur autonomie stratégique tout en cherchant des solutions concrètes à leurs crises sécuritaires et économiques. Pour Moscou, c’est l’occasion de consolider son ancrage en Afrique face aux puissances occidentales.
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