Alors que Lula appelle à « infliger une défaite aux négationnistes climatiques » lors de la COP30 à Belém. Les BRICS, nouveaux maîtres du jeu, instrumentalisent l'urgence écologique pour servir leurs intérêts économiques et géopolitiques.

La COP30 de Belém s’est ouverte sur un ton résolument militant. Lula, président brésilien et hôte du sommet, entend faire de cette conférence « la COP de la vérité ». Pourtant, derrière les discours et les appels à la « défaite du déni », les puissances émergentes des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) poursuivent une logique bien plus terre-à-terre : celle de la souveraineté énergétique et du développement économique.
Une transition énergétique sous condition de souveraineté
Les BRICS ne nient pas la science - ils en contestent l'interprétation politique. Leur credo : la croissance économique comme seule réponse viable aux défis environnementaux. La Chine construit autant de centrales solaires que de centrales à charbon, l'Inde revendique son droit à l'industrialisation fossile, le Brésil monnaie la protection de l'Amazonie. Cette approche pragmatique démasque l'hypocrisie des pays développés qui, après avoir construit leur richesse sur les énergies fossiles, voudraient maintenant tirer l'échelle derrière eux.
Loin du catastrophisme des capitales occidentales, les BRICS abordent la question climatique sous un angle pragmatique. Pour eux, la transition énergétique n’est pas une fin morale mais un moyen de développement. Elle doit être « juste et planifiée », comme le martèle Lula – autrement dit, compatible avec les intérêts nationaux.
La rhétorique du Nord, fondée sur la contrition et la réduction drastique des émissions, laisse ici place à une logique de puissance. Les BRICS exigent une compensation financière des pays industrialisés, accusés d’avoir pollué pendant deux siècles avant de donner des leçons. C’est le sens du fonds (5.5 milliards d dollars)« Tropical Forests Forever » lancé à Belém : un mécanisme de financement où la protection des forêts devient un actif monétisable.
Les BRICS : une coalition de pragmatisme économique
Les BRICS sont, par essence, une coalition dont le ciment est le pragmatisme économique et la contestation de l'hégémonie occidentale. Bien que le Brésil de Lula et la Chine investissent massivement dans les énergies renouvelables (souvent par souci de sécurité énergétique et de leadership technologique), la dépendance aux énergies fossiles est une réalité structurelle pour la majorité du bloc.
- L'Inde et la Chine sont les plus grands émetteurs mondiaux et continuent d'investir dans le charbon pour alimenter leur croissance et leur industrialisation. Leur position, bien que tempérée par des objectifs de neutralité carbone lointains (2060 pour la Chine, 2070 pour l'Inde), est claire : la croissance économique passe avant la réduction drastique des émissions.
- La Russie est un État pétrolier et gazier, et son agenda est de maximiser la valorisation de ses ressources, le changement climatique étant un sujet secondaire.
- Le Brésil lui-même, tout en prônant la fin des fossiles, annonce la création d'un fonds de transition financé... par les recettes de l'exploitation pétrolière. Ce geste est l'aveu que le pétrole reste, dans l'immédiat, la source de capital la plus fiable.
L'appel à une "feuille de route permettant de surmonter la dépendance aux combustibles fossiles" est séduisant, mais il n'est perçu par ces puissances que s'il est juste et planifié, c'est-à-dire s'il est financé par les pays riches et ne bride pas leur développement.

L'échec programmé du modèle COP
Le bilan est sans appel : malgré trente conférences, la concentration de CO2 dans l'atmosphère n'a jamais été aussi élevée. La COP30 à Belém ne changera rien à cette équation fondamentale. Les engagements restent non contraignants, les mécanismes de vérification sont faibles, et les sanctions inexistantes.
La véritable innovation viendra-t-elle de cette grand-messe onusienne ? Certainement pas. Elle émergera des laboratoires de recherche, des entrepreneurs qui développent des énergies réellement compétitives, des technologies qui rendront les énergies fossiles obsolètes - non par réglementation, mais par supériorité économique. Les millions dépensés en sommets climatiques feraient mieux de financer la recherche fondamentale sur la fusion nucléaire ou le stockage de l'énergie.
La COP30 représente l'ultime stade du spectacle climatique : beaucoup de bruit, peu d'action réelle. Les BRICS ne sont pas climatosceptiques - ils sont réalistes. Ils ont compris que dans la grande négociation mondiale, l'écologie est devenue une carte à jouer, non un principe à respecter. La vérité que personne n'ose énoncer à Belém est simple : aucun gouvernement ne sacrifiera sa croissance économique sur l'autel du climat.
