Cette douloureuse mais salutaire chute de François Bayrou

Cette douloureuse mais salutaire chute de François Bayrou
Des enfants secourus en 1946

L'Assemblée a massivement rejeté la confiance à François Bayrou, qui doit présenter sa démission à Emmanuel Macron ce mardi matin. Est-ce que le chaos qui vient est forcément une mauvaise nouvelle ?

Oui, la France est au bord d'un gouffre. Un chaos vient, qui pourrait se traduire par des blocages douloureux, explosifs non seulement dans le fonctionnement de nos institutions, mais aussi dans celui de notre économie et de notre société. La paralysie gouvernementale est bénéfique quand la société avance en vitesse de croisière. Mais en pleine préparation d'un budget sous tension, en pleine dérive vers l'endettement, c'est une toute autre musique qui se joue.

Nous le savons, si la France est incapable de tenir ses engagements européens, librement consentis (puisqu'il s'agit d'une application du traité de Maastricht que nous avons approuvé par referendum en 1992), le signal international sera terrible et peut donner lieu à une redoutable panique financière, aux conséquences incalculables

Comment la crise peut-elle se nouer ?

Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre la suite des événements.

L'enchaînement est à peu près connu :

  • Emmanuel Macron va tenter de rapidement nommer un nouveau Premier Ministre pour faire adopter un budget
  • Ce gouvernement échouera (ne manquez pas de rejoindre la Liberty Academy, espace de formation libertarienne, où je vous explique pourquoi cet échec est inévitable, et demandez mon Guide libertarien des programmes politiques)
  • Emmanuel Macron sera contraint de dissoudre l'Assemblée Nationale, probablement sans budget voter
  • Face au blocage des institutions, il sera contraint de démissionner

Si Emmanuel Macron était sage, il prendrait dès maintenant le taureau par les cornes en décidant d'une dissolution, comme le lui a conseillé Nicolas Sarkozy. Mais ce bon sens ne semble pas l'avoir effleuré, et nous devrions perdre de longs mois, qui seront des mois de dégringolades pour le pays tout entier, avant qu'une décision soit prise pour sortir du bourbier.

Nous avons connu un phénomène de ce genre au printemps 1789 : confronté à une grave crise des finances publiques, Louis XVI avait convoqué les Etats Généraux. Ses tergiversations sur le vote par tête ou par ordre ont donné le signal de départ vers la Révolution.

Quelles sont les douloureuses conséquences qui s'annoncent ?

Des conséquences désastreuses qui naîtront de ces blocages, il en est de nombreuses sortes :

  • Impact sur le budget et les finances publiques : sans gouvernement stable, l'adoption du budget 2026 pourrait être retardée, menant à un budget provisoire (basé sur les crédits de l'année précédente) ou à des lois spéciales. Cela risque de bloquer l'indexation du barème de l'impôt sur le revenu et d'aggraver le déficit, avec des pressions de Bruxelles pour un redressement rapide. Les coûts d'emprunt de la France ont déjà augmenté, atteignant leur plus haut niveau depuis 2008, reflétant les doutes des marchés sur la capacité à gérer les dépenses.
  • Effets sur les marchés et l'économie : l'instabilité politique crée un "brouillard budgétaire" qui pèse sur les entreprises et les ménages, en augmentant l'incertitude et potentiellement en freinant les investissements. La croissance économique pourrait être impactée à court terme, avec des effets tangibles sur le coût de la dette publique et une possible hausse des taux d'intérêt. Les analystes soulignent que cette crise, cumulée à la dette "esclavagiste" pour les jeunes générations, met en péril la "survie même" de la France fiscalement.
  • Conséquences pour les acteurs économiques : les ménages pourraient voir des allocations et aides sociales gelées ou retardées, tandis que les entreprises font face à une volatilité accrue. À plus long terme, sans réformes, la France risque des sanctions européennes et une récession modérée due à la perte de confiance des investisseurs.
  • Influence au sein de l'UE : la crise paralyse la capacité de la France à honorer ses engagements à Bruxelles, notamment sur les politiques commerciales, industrielles, de compétitivité, de transition technologique et climatique. Le partenariat franco-allemand, pilier de l'UE, est fragilisé, tandis que l'Italie de Giorgia Meloni gagne en influence en projetant de la stabilité et en progressant vers une sortie de la procédure pour déficit excessif (3,4 % contre 5,8 % pour la France). Cela pourrait marginaliser Paris dans les décisions européennes, surtout avec des élections allemandes imminentes.
  • Relations internationales et crédibilité financière : la dette élevée et le déficit exposent la France à une surveillance accrue des partenaires européens et des marchés mondiaux, compliquant ses négociations dans la zone euro. Géopolitiquement, cela affaiblit la voix française sur des dossiers comme l'Ukraine ou le Moyen-Orient, où la stabilité interne est cruciale pour projeter du leadership.
  • Perception globale : sur la scène internationale, la France est vue comme un pays en "voie suicidaire", avec une instabilité qui renforce les forces radicales (comme le Rassemblement national) et érode sa réputation de puissance fiable. Cela pourrait impacter ses alliances atlantiques et son rôle dans les institutions multilatérales, favorisant une perception d'un État affaibli face aux défis globaux.
  • Économiques et sociétales plus larges : au-delà des finances, l'incertitude pèse sur la confiance des citoyens, avec une fracture croissante entre élites et population. Les sondages montrent un ras-le-bol général, favorisant les extrêmes. À long terme, sans résolution, cela pourrait mener à une "période d'incertitude majeure" pour la France, avec des répercussions sur l'emploi public et les services essentiels.

Tout ceci est très négatif, me direz-vous. Et pourtant, je pense que la chute du gouvernement est porteuse d'avenir, et même salutaire. Voici pourquoi.

Pourquoi la chute de Bayrou est salutaire

Lla chute du gouvernement Bayrou n'ouvre pas la porte à un chaos dangereux, mais à un chaos salvateur. C'est le signal que l'État-providence français, incapable de se réformer et financièrement à bout de souffle, est en pleine implosion. Le système a atteint sa limite : il ne peut plus gouverner sans s'effondrer, ni se restreindre sans provoquer une crise politique. Le chaos qui en résulte n'est pas une menace, mais une opportunité historique de rompre avec l'illusion d'un État-Léviathan qui prétend tout régir pour mieux tout déstabiliser. C'est l'occasion de libérer les forces vives de la société et de permettre aux individus de se réapproprier leur destin.

La chute d'un budget, la faillite d'un modèle

Le gouvernement Bayrou n'est pas tombé à cause d'un désaccord mineur. Il est tombé sur un projet de budget et sur son incapacité à faire face à une dette hors de contrôle. L'article 49.1, utilisé comme un ultime recours, a été moins un outil politique qu'un aveu de défaite. La France, avec sa dette publique à 113,2% du PIB et des dépenses publiques à 57,1%, est un cas d'école de dérive budgétaire en zone euro. Le véritable arbitre n'est plus le Parlement, mais la sanction des marchés financiers, qui poussent les taux d'intérêt à la hausse, renchérissant le coût de la vie pour les ménages et le coût de la dette pour l'État. Le "chaos" tant redouté n'est pas la cause de la crise, mais la conséquence d'une irresponsabilité fiscale chronique.

La tutelle du marché, la liberté de l'individu

L'État est devenu la principale source d'instabilité, pénalisant les citoyens par une fiscalité asphyxiante et des services publics paupérisés. Dans ce contexte, la liberté offerte par le marché devient la seule source de salut. L'exemple de l'assurance emprunteur est frappant. Face à la hausse des taux d'intérêt causée par l'instabilité politique, les ménages peuvent désormais réaliser des économies de plusieurs dizaines de milliers d'euros en changeant de contrat d'assurance, une liberté rendue possible par les dérégulations. Le marché, par la concurrence, offre une protection concrète et tangible, bien plus efficace que la tutelle d'un État en faillite.

L'échec du "blocage", la victoire du pragmatisme

L'échec annoncé du mouvement "Bloquons tout" est une autre bonne nouvelle. Loin d'être une révolte populaire, ce mouvement est une mobilisation idéologique de la gauche radicale qui appelle à davantage de dépenses publiques, c'est-à-dire à la source même du problème. L'incapacité de ce mouvement à rallier la majorité des Français est le signe que la population se désintéresse des récits collectivistes et préfère le pragmatisme à l'idéologie. C'est un rejet implicite de la voie du chaos planifié au profit d'un besoin croissant d'autonomie et de liberté de choix.

Du point de vue libertarien, la chute du gouvernement Bayrou n'est pas un chaos dangereux, mais un chaos salvateur. C'est le signal que l'État-providence français, incapable de se réformer et financièrement à bout de souffle, est en pleine implosion. Le système a atteint sa limite : il ne peut plus gouverner sans s'effondrer, ni se restreindre sans provoquer une crise politique. Le chaos qui en résulte n'est pas une menace, mais une opportunité historique de rompre avec l'illusion d'un État-Léviathan qui prétend tout régir pour mieux tout déstabiliser. C'est l'occasion de libérer les forces vives de la société et de permettre aux individus de se réapproprier leur destin.

En conclusion, la chute du gouvernement Bayrou n'est pas la fin, mais une fin. La fin d'un modèle d'État centralisé, surendetté et impuissant. La perspective salvatrice de cette crise est qu'elle nous force à imaginer un État minimal, dont la seule fonction est la protection des droits, pour permettre à la société de se développer librement. C'est en faisant confiance aux individus et non aux institutions en faillite que l'on pourra construire un avenir de prospérité durable, affranchi de la tutelle de la dette et du chaos organisé.