Briefing: Elon Musk, Emmanuel Macron et la crise du leadership en Occident

Elon Musk s'est coincé lui-même en mettant aux vote des twittos la question de son maintien à la tête de l'oiseau bleu. Les turbulences que traverse l'industriel nous renvoient à un phénomène plus large; la crise généralisée du leadership en Occident.
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Should I step down as head of Twitter? I will abide by the results of this poll.
— Elon Musk (@elonmusk) December 18, 2022
Quelle mouche a-t-elle donc piqué Elon Musk? Le nouveau PDG de Twitter a publié le 19 décembre un tweet appelant à voter sur son maintien ou non à la tête de l’entreprise. « Dois-je quitter la direction de Twitter? Je suivrai les résultats de ce sondage« .
Le résultat est une défaite nette: 17,5 millions de votants; 57% de oui à la question .
Depuis, silence radio. L’industriel a retweeté des messages concernant Tesla et SpaceX mais aucun message direct – alors qu’il n’avait pas été avare de commentaires durant la finale de la coupe du monde.
Un gros raté?
Depuis que le sondage est en ligne, les spéculations sont allées bon train.
Positive – ruse de Musk pour pouvoir identifier d’éventuels mouvements de « fermes à bots » et leurs commanditaires faisant voter massivement contre lui. Neutre: Musk prépare les esprits à un changement de PDG car il voudrait passer la main pour se concentrer à nouveau sur ses projets industriels Négative: incapacité du nouveau PDG à stabiliser une situation après le tollé suscité par le blocage de comptes de journalistes la semaine dernière (on rappellera tout de même le motif: lesdits journalistes américains avaient relayé les moindres déplacements en avion de Musk, vraisemblablement dans l’objectif de lui nuire).
On observe que règne surtout la consternation parmi beaucoup d’usagers de Twitter qui étaient soulagés de voir la liberté rétablie sur le réseau.
Et puis quel bilan, en peu de semaines. On sait la vérité, désormais, grâce aux Twitter files sur la manière dont a été arbitrairement fermé le compte de Donald Trump; sur la censure qui a empêché que le public américain ait largement connaissance, avant les élections présidentielles américaines de novembre 2020, des turpitudes de Hunter Biden, le fils de Joe; sur les interventions directs du FBI, demandant à la direction de Twitter de fermer des comptes. Les personnes intéressées peuvent suivre le détail sur l’excellent site américain Reclaim the net) .
On ne saurait sous-estimer l’onde de choc déclenchée. Facebook et Google pourraient se voir soumis à des enquêtes sur leurs collusions respectives avec le parti démocrate et avec l’appareil d’Etat américain. Plus largement, les soupçons qui portaient sur les conditions du déroulement de la campagne présidentielle de 2020 aux Etats-Unis sont en voie de devenir des certitudes. Et puis la question de la liberté d’expression est devenue centrale dans le débat occidental. On ne rétablira pas nos sociétés comme des sociétés de liberté tant qu’une censure insidieuse et omniprésente n’aura pas été écartée.
On comprend que Musk ait suscité une hostilité gigantesque. Ce sont les mêmes forces qui ont essayé de déstabiliser Donald Trump entre 2016 et 2020 puis qui, n’y réussissant pas, l’ont finalement écarté par une fraude électorale massive et organisée. Pour autant, il serait dommage qu’il se soit laissé finalement intimider ou déstabiliser par les oppositions conjuguées.
La crise du leadership dans le monde occidental
En fait, Elon Musk se débat avec l’une des réalités les plus évidentes du malaise occidental: la crise du leadership.
Cette crise du leadership se manifeste tous les jours, de la manière la plus variée qui soit.
C’est l’immaturité d’un Emmanuel Macron dont la manière de se comporter pendant et après la finale de la coupe du monde a suscité un rejet ouvert durant toute la journée d’hier. C’est la perspective d’avoir bientôt « deux papes émérites »dans l’Eglise catholique si François faisait comme son prédécesseur et démisionnait pour raisons de santé. C’est l’incapacité de plus en plus évidente de Joe Biden à gouverner. C’est la faiblesse du leadership politique en Grande-Bretagne, la coalition tripartite en Allemagne . Ce sont les manifestations monstres contre une éventuelle fraude de l’élection présidentielle au Brésil – qui ne sont couvertes que par très peu de médias. Mais ce sont aussi les révélations quotidiennes sur la corruption dans le monde économique ou au Parlement européen. C’est le recours permanent au 49.3 de la part du gouvernement en France. Mais c’est l’incapacité de nos entreprises de transport à mettre à disposition des trains ou des avions qui arrivent à l’heure.
Elon Musk est pris dans cette tourmente. D’un côté, comme industriel, il est bien placé pour savoir qu’une entreprise ne se mène pas à coup de votes.De l’autre, comment gouverner contre les influenceurs et les pourvoyeurs de publicité quand on prend la tête d’un réseau social? Elon Musk a-t-il pris le temps de s’entourer de spécialistes de la communication politique et du combat idéologique? Ou bien fait-il comme ces industriels qui rentrent dans l’arène politique sans être préparés? (Par contraste, Donald Trump s’est préparé pensant 20 ans à une campagne présidentielle). Quelle est la part de l’ego non maîtrisé: après tout, Musk croyait peut-être qu’il allait remporter le sondage sur son maintien à la tête de Twitter haut la main.
En tout cas, les turbulences traversés par le PDG de Tesla devenu PDG de Twitter nous confirment, si besoin était, que la sortie de la crise occidentale sera longue et malaisée.
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